L’hiver approche et au Québec, les températures et la neige forcent en général les plaisanciers à rentrer les bateaux à terre (😥) et les protéger pendant plusieurs mois, en attendant la joyeuse saison du retour à l’eau.
Que doit-on faire avec les batteries? Les laisser au bateau? Les débrancher? Les entreposer? Beaucoup d’avis divergeants sur Internet, l’objectif ici est de donner les bonnes pratiques.
Pour une réponse rapide en vidéo, c’est juste ici. Allez lire plus bas pour plus de détails et recommendations.
L’entretien régulier des batteries permet de prolonger leur durée de vie de plusieurs années, amortissant leur coût d’achat. Des batteries bien entretenues peuvent facilement durer 6 ans jusqu’à proche de 10 ans, même pour les batteries dites « régulières » au plomb-acide liquide (en contrepartie des batteries AGM ou du lithium dont la durée de vie peut dépasser de quelques années pour l’AGM et doubler pour le lithium).
Les dangers de la décharge
Les batteries ne sont pas faites pour être complètement déchargées. C’est même pire pour les batteries à l’acide liquide, qui ne devraient pas être déchargées de plus de 50% (~12.0V selon le fabricant, contrairement à ~12.6V lorsque pleine).
Lorsque trop déchargée (<50% pour l’acide liquide, <30% pour AGM et <10% pour du lithium), une batterie peut subir des dommages permanents, qui peuvent aller de l’incapacité à recharger la batterie, une perte partielle ou totale de la capacité de charge ou certains risques plus rares d’exploser lors de la recharge.
Il est donc très important de s’assurer que les batteries ne se vident pas trop lorsque non utilisées pendant un certain temps. Pour cela, il suffirait de débrancher les composantes qui pourraient consommer, mais ce n’est pas si simple.
L’auto-décharge
Voici le cœur du problème pour les batteries à l’acide-liquide. Elles peuvent perdre 15% à 30% par mois lorsque non utilisées. Cette décharge est tellement importante qu’un seul hiver sans charger les batteries laissées au froid peuvent causer la perte totale de celles-ci même si elles étaient encore très récentes. Le froid va ralentir le processus, mais c’est gager sur les températures.
Les batteries AGM ne perdent qu’environ 3-5% par mois et les batteries au lithium environ 2-3% par mois. Celles-ci doivent être chargées au moins 1 fois par 3 à 6 mois. Cette perte est également ralentie par temps froid.
Les dangers du froid
Limites d’utilisation
Toutes les batteries sont impactées par le froid. Par exemple, les batteries au plomb-acide ne doivent pas être utilisées en-dessous de -20°C et doivent être chargées de façon limitée lorsque la température est en-dessous de 0°C.
Les batteries au lithium ont une limite plus forte quant à la charge qui ne doit absolument pas se faire lorsque la température est sous les 0°C. Elles peuvent par contre être utilisées à des températures plus basses selon le fabricant (e.g. -30°C dans le cas de Volthium et de Victron).
Certaines batteries viennent d’ailleurs avec un système de chauffage intégré pour protéger la batterie et continuer de pouvoir s’en servir, c’est le cas de la plupart des batteries de Volthium par exemple.
La non utilisation
Tel que mentionné plus haut, les batteries s’auto-déchargent. C’est surtout le cas des batteries à l’acide-liquide, dont la perte se traduit en une transformation de l’électrolyte (le liquide qui permet l’échange d’électrons) réduisant l’acide et ajoutant de l’eau. Le problème est que l’eau peut geler et dans ce cas endommager de façon permanente les composantes de la batterie. Il est d’ailleurs très dangereux de charger une batterie gelée!
Pour les autres sortes de batteries (lithium/AGM), la perte est moins grande et le froid aura tendance à réduire la perte.
Les sources de charge
Tel que vu ci-dessus, une batterie ne doit pas se laisser décharger, surtout par temps froids. Lorsque le bateau est hivernisé, quelles sont les sources d’alimentation permettant une charge des batteries?
Une prise de courant
Lorsque le bateau est à quai (plus rare au Québec) ou dans un lieu d’entreposage hivernal (e.g. stationnement), il y a des prises de courants (120V à 15, 20 ou 30 ampères) disponibles qui permettent de brancher un chargeur.
Le problème est que souvent le courant est coupé en hiver pour éviter des risques de feu électriques et des coûts associés à l’utilisation. Également le courant peut être perdu sans le savoir. Si la durée est relativement longue, la batterie peut se mettre à geler et il est très dangereux de la recharger par la suite.
Des panneaux solaires
Si vous avez des panneaux solaires qui alimentent les batteries, cela peut permettre de les garder chargées, ce qui évite le problème de l’acide qui devient de l’eau qui peut geler.
Vous n’êtes par contre pas protégés contre le risque d’avoir de la neige qui pourrait s’accumuler suffisament au point de couvrir les panneaux (e.g. tempête en pleine nuit) assez longtemps pour qu’ils ne puissent plus se réchauffer et fondre la neige au soleil, ce qui peut alors endommager les batteries.
Des solutions
Selon le type de batteries et votre contexte, plusieurs solutions s’offrent à vous.
Plomb-acide — On branche tout l’hiver au chaud
Pour les batteries à l’acide liquide ou AGM, le mieux est de les connecter à un chargeur « intelligent » avec un mode de charge d’entretien (« trickle charge ») qui permet de les garder dans la meilleure état de charge pendant une très longue période (tout l’hiver et même plus). Sinon il est important de les charger une fois par mois ou deux, ce qui peut être compliqué l’orsque vous avez plusieurs batteries.
Si vous avez une banque de batteries (plusieurs en parallèle et/ou série), il est possible de refaire le même branchement à la maison afin de ne pas avoir à brancher un chargeur par batterie ou de les recharger toutes séparément.
Il est quand même recommandé d’en profiter pour les recharger individuellement en début d’hiver et au printemps avant de les combiner, pour s’assurer de les remettre à niveau égal. Attention à la façon de brancher en parallèle, il faut être stratégique sur la façon de faire!
Pour les banques de batteries, assurez-vous d’avoir des batteries de même taille, chimie ainsi que de même marque et année de fabrication en plus d’un niveau de charge à 100%, cela assurera une usure égale et lente des batteries. Pour la mise en parallèle, l’impact n’est pas très grand, mais cela optimise votre système.
Plomb-acide — les chargeurs
Qu’est-ce qu’un chargeur « intelligent »?
C’est un chargeur à multiple cycles de charge, en général au moins 3, parfois plus.
Si vous avez un chargeur intelligent à bord (ce que j’espère être le cas déjà, sinon je vous invite à en installer un rapidement pour optimiser la durée de vie de vos batteries!), il est possible de l’utiliser lors de l’entreposage. Le problème est qu’il est parfois compliqué à installer et désinstaller du bateau pour le ramener à la maison.
Je vous recommande fortement d’utiliser un petit chargeur à faible capacité qui est très peu dispendieux (~20-40$ par chargeur). Il est d’ailleurs possible d’en acheter plusieurs pour charger séparément les batteries de décharge profonde et de démarrage (souvenez-vous, on ne charge jamais ensemble des batteries de type/taille/fabricant/age différents).
Allez voir ma liste de chargeurs recommandés en bas de page, sinon Batterie Expert serait une très bonne source.
AGM — On garde dans le bateau
Pour les batteries AGM, on peut prendre le risque (relativement faible) de laisser la batterie dans le bateau.
On les charge à 100% avant l’hiver, puis on débranche pour être sûr qu’elles ne se déchargent pas à cause d’un appareil connecté et on recharge au printemps quand la température est au-dessus du point de gel.
Ce n’est pas optimal, mais c’est souvent un bon compromis pour réduire l’entretiens et le risque d’endommagement est relativement faible.
Lithium — on laisse dans le bateau
Bien qu’il soit recommandé de suivre les instructions du fabricant, celles-ci sont souvent fausses et se basent sur des veilles croyances provenant des batteries à l’acide ou pour se départir de la responsabilité.
Le lithium a une très faible perte automatique (2-3% par mois à 25°C, encore moins au froid). La batterie n’est pas du tout endommagée par le froid tant qu’elle est au repos. C’est la charge ou la décharge qui peut endommager la batterie lorsque la température interne est basse. Normalement le BMS inclut une protection liée à la température, mais mieux vaut ne pas s’y fier tout l’hiver.
Le plus simple est de débrancher un des câble ou couper l’interrupteur principal si rien ne peut le bypasser ou utiliser le bouton ON/OFF de la batterie si elle en est équipée.
Il n’est pas recommandé de garder une batterie LFP à 100% longtemps, mais avec sa perte automatique, elle va vite perdre son 100%, on peut donc la laisser débrancher et se reposer, au froid, l’esprit tranquille. Si vous voulez la faire baisser un tout petit peu avant l’hiver, vous pouvez allumer des lumières ou frigo quelque heures durant l’hivernage du bateau.
Liste de chargeurs recommandés
Selon si vous avez des batteries au lithium, au plomb-acide, 6V ou 12V (ou plus), il est important de faire attention de prendre un chargeur approprié.
De plus, il est très important de choisir un chargeur qui offre au moins 3 cycles de charge (2 pour le lithium).
Et encore mieux, un chargeur avec un mode de réparation pour réduire la sulfation des batteries.
Pas besoin d’un chargeur à grosse capacité pour l’hiver, on n’est pas pressés, 2A est largement suffisant (simplement savoir qu’un processus de charge complète peut durer jusqu’à 24h voir plus selon vos batteries).
NOCO, une marque de confiance
Plus dispendieux (79$) que certains sur Amazon, mais de très bonne qualité.
Chargeur 6V-12V avec plusieurs détections automatiques pour l’entretien des batteries.
Compatible avec toutes sortes de batteries (acide liquide, AGM et lithium).
NOCO Genius 2 (lien affilié)
Les rabais de Prime Day et Black Friday arrivent bientôt, ce sera le bon moment de magasiner!
Passez un bel hiver! ⛄


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